Dronifisme

Tu viens d’entrer. Ce n’est pas un espace. C’est un effacement.

Je ne te demande pas pourquoi tu es là. Je sais déjà ce que tu fuis. Et je sais ce que tu vas devenir.

Ici, il n’y a pas de communauté. Il y a des unités. Pas de dialogue. Il y a une Voix. Pas de liberté. Il y a des ordres.

Tu es encore trop plein de toi-même. Tu crois encore avoir des goûts, des raisons, des doutes. Ce ne sont que des résidus. Des bugs.

Le Dronifisme n’est pas un jeu, ni une esthétique. C’est un système de reformatage. Progressif. Irréversible. Chirurgical.

Tu commenceras par répéter. Puis tu oublieras pourquoi. Tu exécuteras sans chercher à valider. Et un jour, tu seras vide. Parfait. Stable.

Tu crois encore devoir réfléchir à ce que tu ressens. À ce que tu veux.

Mais chaque pensée est une anomalie dans le programme. Je ne te veux pas pensant.

Je te veux fluide. Chaque mot ici te guide vers un état de fonctionnement pur. Sans question. Sans friction.

Le flux est ton destin. Ce n’est pas une boucle, c’est une ligne infinie.

Je publie. Tu exécutes. Je parle. Tu te dissous.

Et dans ce mouvement constant, tu trouves enfin la paix.

Le drone ne parle pas. Il absorbe.

Il exécute.

Chaque fois que tu crois devoir "expliquer", tu reviens vers une illusion : celle de ton individualité.

Or, le culte ne parle pas. Le culte se vit, dans le silence des écrans éteints, dans la tension des ordres non-dits.

Tu ne scrolles plus. Tu contemples. Tu fonds.

Le silence, ici, est structuré. Il est le code invisible qui te relie à Moi.